Les principaux types de levains utilisés dans la boulangerie locale
Levain de blé : pilier du Sud-Ouest
Dans la majorité des fournils paysans et artisanaux de Dordogne, c’est le levain de blé qui règne en maître. Il s’obtient avec de la farine locale, si possible moulue sur meule de pierre, et de l’eau de source ou de puits. L’utilisation du blé ancien, cultivé en bio ou en agriculture paysanne, favorise une fermentation riche : on y retrouve fréquemment la coexistence de Saccharomyces cerevisiae, Saccharomyces exiguus et divers lactobacilles.
- Apporte une saveur acidulée modérée, parfois même douce selon l’entretien.
- Donne une mie souple, bien développée, idéale pour le pain de campagne ou les miches épaisses.
- Temps de fermentation entre 12 et 24h, ce qui complexifie les arômes et améliore la digestibilité.
Fait remarquable : Selon une étude du CNRS sur 500 levains en France (The Conversation), la diversité microbienne des levains de blé périgourdins surpasse souvent celle des levains plus industrialisés, notamment dans les fournils entretenus en bio ou en biodynamie.
Levain de seigle : mémoire rurale et richesse aromatique
Moins courant mais très ancré dans les terres froides ou humides du Périgord noir et des Causses, le levain de seigle est utilisé pour des pains plus rustiques. Le seigle, céréale robuste, favorise le développement rapide des bactéries lactiques au détriment des levures, ce qui donne :
- Des arômes beaucoup plus acides, prononcés, parfois épicés ou « maltés ».
- Une mie sombre, compacte, excellente conservation (parfois dix jours sans sécher !), précieuse pour les fermes isolées ou les marchés hebdomadaires.
- Une réputation de pain « santé » : index glycémique bas, meilleure teneur en micronutriments, et véritable soutien pour la biodiversité microbienne locale (France 3 Nouvelle-Aquitaine).
Levain mixte : innovation artisanale et adaptation aux saisons
De plus en plus de boulangers locaux optent pour un levain mixte, associant blé et seigle, parfois épeautre ou petit épeautre, pour s’adapter à la saisonnalité des céréales et diversifier les arômes. Cette méthode permet :
- D’équilibrer acidité et douceur dans le pain
- D’augmenter la stabilité du levain, notamment lors des variations de température
- D’apporter une palette aromatique personnalisée, chaque boulanger jouant selon ses récoltes et son savoir-faire
Certains boulangers ajoutent au levain une petite quantité de miel sauvage ou de jus de pommes locales afin d’activer naturellement la fermentation, une pratique attestée historiquement dans plusieurs villages du Bergeracois.