La maturation « à la fleur de lin » : une méthode rare et précieuse
Venons-en à la spécificité qui intrigue : la « fleur de lin ». Ici, le mot n’indique pas que l’on ajoute de la fleur de lin dans le lait ou la pâte. Il s’agit d’une pratique d’affinage, signée par quelques caves d’exception.
L’essuyage à la fleur de lin
La « fleur de lin », dans le jargon fromager du Jura, désigne le tissu très serré, délicat et résistant, fabriqué à partir de fibres 100 % lin. Cette toile accompagne la meule dès le pressage : elle est utilisée pour enrober la pâte en formation, assurant homogénéité et élasticté à la croûte.
- Propriétés de la toile de lin : plus lisse et moins poreuse que le coton, elle permet une extraction douce du petit-lait tout en favorisant la circulation de l’air. Résultat : la croûte du fromage reste fine, de couleur fauve dorée, sans rugosité ni craquelure marquée.
- Influence organoleptique : la maîtrise de l’humidité à l’intérieur de la meule limite le développement de goûts amers, favorise la douceur et les arômes de fleurs sauvages, parfois presque miellés.
Selon le Guide du Fromager (Maison du Comté, 2023), seulement 12 à 15 % des fromages produits chaque année dans l’aire AOP Comté bénéficient de l’appellation « fruité à la fleur de lin ». La tradition se perpétue surtout dans les plus anciennes fruitières, où la transmission du geste et la connaissance des tissus sont aussi précieuses que les levains naturels.