Saveur, texture, arômes : la transformation du lait par la patience
C’est dans la bouche que se perçoivent le mieux les mois d’attente. Voici, point par point, ce qui distingue un comté vieux affiné 15 mois d’un comté classique.
Texture : souplesse ou cristallisation ?
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Comté classique : pâte douce, relativement souple, onctueuse ; se coupe facilement à l’économe. Peu de cristaux, voire aucun.
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Comté 15 mois : la pâte devient plus ferme, parfois légèrement granuleuse, presque fondante sous la langue. On trouve souvent des cristaux de tyrosine (acide aminé issu du vieillissement des protéines), perçus comme de petits grains croquants et appréciés des connaisseurs. Leur présence est un marqueur d’affinage prolongé, sans être un gage absolu de qualité.
Cette évolution découle du lent travail des ferments et des enzymes, qui dégradent sucres et protéines en molécules aromatiques et cristaux à partir du 10ème-12ème mois.
Palette gustative : douceur juvénile ou intensité mature ?
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Comté classique : saveur douce, notes lactiques, beurre frais, noix verte, parfois touche de noisette ou d’herbe. Finale discrète, parfait pour plaire à tous les palais.
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Comté vieux : explosion aromatique : fruits secs, noix torréfiée, caramel, cuir, épices douces. L’umami y apparaît, compagnon de longueur en bouche et de puissance. Plus long en bouche, plus salin aussi (l’évaporation d’eau accentue la concentration en sel mais pas d’ajout).
Selon une étude réalisée par le CIGC, plus de 83 arômes primaires ont été référencés dans le comté au fil de l’affinage : lait, fruits frais, beurre, épices, caramel, notes torréfiées... Le vieux comté est souvent décrit comme un “fromage de méditation” tant la complexité explose avec le temps.
Aspect visuel : des nuances jusqu’à la croûte
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Comté classique : teinte pâle à jaune clair, croûte fine, peu fissurée.
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Comté affiné 15 mois : jaune profond, voire doré ; croûte plus épaisse, parfois “grelottée” (marquée de petites craquelures, signe d’affinage lent et maîtrisé).