Un biscuit corse chargé d’histoire : aux origines des canistrelli
Impossible d'évoquer la Corse gourmande sans penser aux canistrelli. Leur saveur citronnée, leur croquant emblématique et leur simplicité apparente résonnent comme un écho des terroirs insulaires. Mais derrière la recette se cache un long chemin, marqué autant par la nécessité paysanne que par la transmission familiale.
Les canistrelli — parfois orthographiés “canistrellu” au singulier — trouvent leurs racines au cœur de la tradition rurale corse. Le mot lui-même découle de « canistru », signifiant « panier » en langue corse, clin d’œil à la manière dont ils étaient transportés et présentés sur les marchés villageois (source : Fédération des Épiciers & Artisans Corses).
Le canistrelli est, à l’origine, un biscuit de conservation, conçu pour résister au temps, accompagner les bergers et agriculteurs lors des longs travaux dans le maquis, ou des vendanges dans le vignoble. Sa recette primitive, à la fois rustique et ingénieuse, alliait farine, huile (souvent d’olive), vin blanc ou eau-de-vie et sucre. Ces ingrédients simples assuraient une conservation naturelle, sans avoir recours à du beurre, matière grasse rare et précieuse sur l’île.
Les premières mentions écrites des canistrelli remontent au XVIII siècle, mais leur consommation sur le terrain, selon de nombreux témoignages, remonterait bien avant (source : Maison du Patrimoine Corse, Corte).
Quant au citron, fruit méditerranéen par excellence, il fait partie depuis longtemps du paysage fruitier corse. Son intégration aux canistrelli serait relativement récente — depuis le début du XX siècle —, encouragée par la prospérité des cultures d’agrumes, particulièrement dans le Cap Corse et la Balagne.